Apprendre, c’est aussi échouer.

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•Apprendre, c’est aussi échouer. •

En vannerie, nous nous efforçons de maîtriser chaque étape du processus :
la température idéale du bac de trempage, l’association précise de variétés complémentaires, le calibrage léché de chacun des brins.

Mais parfois, nous nous trompons.
Oui, parfois.
Non : de nombreuses fois.
Nous échouons.

Apprendre, c’est accepter l’échec.
Être autodidacte, c’est consentir à ce qu’il soit un camarade de jeu.
Être créatif, c’est l’accueillir comme le terreau même de tout devenir.

Nos petits échecs ont parfois plus de vertus que nos brillants succès.

On mesure souvent notre chemin à la visibilité de nos réalisations, et à la grandeur apparente de nos pas.
Mais dans notre avancée, qu’en est-il de notre point d’équilibre ?
De la profondeur de notre ancrage ?
Et de la juste mesure de nos élans ?

Un plus petit pas peut révéler bien plus d’adresse et de force qu’un géant.

Toutefois, certaines choses ne s’apprennent ni en lisant, ni en visualisant, ni en devinant.

Il y a des éléments qui ne se révèlent que dans les mains d’autrui.
Au-delà du pattern du tressage, et de la mélodie « dessous, dessus, devant, derrière »,
certaines techniques s’apprennent par les gestes — et demandent à être vues.

Une lecture de l’objet permet de comprendre le mouvement,
et de constater la maîtrise de l’artisan·e.
Mais elle n’enseigne pas comment le perfectionner soi-même.

Certaines techniques exigent l’observation du geste d’un expert.
Encore et encore.
Intégrer les minuscules variations, au-delà de nos regards trop hâtifs.
Saisir la gestuelle pour pleinement accomplir le point.

Je crois que la trace en fait partie.
Si fine, épurée, élégante…
La pleine beauté de l’ajouré réside dans le vide laissé, par le geste précis, méticuleux, patient des mains.

Grâce à un alignement des planètes,
l’autodidacte que je suis a fini sur les bancs de l’université d’été de l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie.
Une première, sur ses bancs et sellettes d’école.

Et une révérence infinie dans mon coeur pour Catherine Gey, qui a consenti à m’accompagner sur cette pièce — différente du panier à fraise,
ma première en vannerie à jour.
Et certainement pas la dernière.