Zarzo, porté par le sol

recueil

Ce que j’aime particulièrement dans cette technique, c’est sa conduite.
Pour sa réalisation nous mobilisons tout notre corps. Des pieds à la tête. D’une main à l’autre.
Nous démarrons à même le sol, et celui-ci démarre où s’arrête le ciel.
Nous jouons de nos genoux, nous rendons à la gravité ce qui lui appartient.
Nous touchons sa proximité, sa stabilité et son étendue. Dans notre culture, la plus part d’entre nous ne passons que peu de temps a son contact. Que ce soit à dormir dehors, à s’asseoir par terre, ou à s’accroupir sentir une fleur. Pour dire, lorsqu’on parle de contact au sol, il s’agit d’une expression visant à réduire cette durée afin de gagner en performance sportives. Dans d’autres pourtant, il constitue ces cultures finement, et quotidiennement, il est le socle. Le corps possède aussi une mobilité tout autre.
Ici le Zarzo nous invite à retrouver cette dynamique, à regarder le sol dans les yeux. En passant plusieurs heures à genou, il nous faut alors veiller à soulager les surcharges pour alléger notre corps, à impulser l’agilité dans nos mouvements vers la matière, et à discerner les justes distances.
Puis nous reprenons notre verticalité progressivement, jusqu’à nous tenir debout, deux par deux pour réaliser les noeuds japonais.
Alors je me demande, devant quoi je prends le temps aujourd’hui de m’agenouiller dans ma vie ?
Grâce à quoi je m’agenouille, d’où part cette révérence, à qui appartient-elle ?
Qu’est ce que je peux encore rendre à la gravité pour me délester davantage ?
Se remémorent à ma conscience ces mots de T. Vinau
« Nous sommes ce qui est tombé là
Ce qui a germé sous des milliers d’années d’obscurité
Nous sommes les enfants des étoiles ».
Devant et grâce à cette magie mystérieuse, je m’agenouille.